genetique

Phylogénétique moléculaire

Publié le par Ysia

Un des domaines de recherche susceptible de nous apporter des réponses sur la vie, son évolution et la mesure dans laquelle elle s’étend dans l’univers, est la phylogénétique moléculaire. C’est ce qui nous permet de réécrire l’histoire de nos origines, d'après David Quammen, auteur du livre The Tangled Tree (2018) qui a participé au Festival national du Livre il y a deux semaines, et d’apporter une nouvelle lecture aux échantillons, fragments d'astéroïdes ou de comètes recueillis sur terre ou ramassés par les sondes exploratrices lancées à l’assaut de l’univers.

La phylogénétique moléculaire raconte l’évolution de la vie, à travers l'analyse des nucléotides et des aminoacides dans les molécules d’ADN et d'ARN. C’est par le biais de cette méthode que des découvertes ont vu le jour en trois temps : l’identification d’une nouvelle catégorie des archées, le transfert horizontal, et même latéral, des gènes, notamment de sources non-primates vers la lignée des primates et la découverte du lien avec nos plus lointains ancêtres inconnus jusqu’à il y a encore 40 ans, les archées.

Une matière organique est un agrégat de molécules de carbone assemblées. C’est la découverte de l’astromobile Curiosity dans un cratère de Mars, Gale, de 96 miles de diamètre. Dans la vaste dépression au creux du cratère Gale, appelée la baie du Couteau jaune, ont été trouvés un agglomérat fluvial et des pierres d’argilite, indicateurs d’une atmosphère humide il y a 3 milliards d'années. A un point donné de son histoire, Mars a été dépouillé de son champ magnétique. Est-ce le fait de l’impact cosmique débilitant avec un objet céleste ou le fait que la planète Mars soit relativement petite, à peu près la moitié de la Terre? S’en sont suivis les effets dévastateurs du rayonnement ionisant. A bord de l’astromobile se trouve cette remarquable boîte de mesure, de la taille d’un microonde, SAM qui a permis l’analyse des échantillons sur place. Sous la surface oxydée de Mars, une diversité moléculaire persiste. 

 

La vie existait-elle sur Mars? Les prochaines missions de la NASA et de l'ESA en 2020 pourront apporter une réponse à la question de savoir si cette matière organique est le produit de l'évolution de la vie sur Mars ou les vestiges d’une comète pulvérisée.  Quoi qu’il en soit, s’il faut imaginer ce à quoi Mars ressemblait, sur la base des données disponibles, il est possible de comparer le sol de l’ancienne planète Mars au sol jurassique de la Terre. La vie existe-t-elle toujours sur Mars dans un recoin enfoui inexploré? Il est déjà remarquable qu’une matière organique subsiste en dépit des conditions extrêmes qui ont frappées Mars depuis la perte de son champ magnétique. La recherche d’organismes extrêmophiles sous la surface du sol ou dans la glace, présente sur Mars, est une des voies à suivre.

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

L'ordre du temps

Publié le par Ysia

L'ordre du temps

Il serait plus exact d'utiliser la métaphore du treillis plutôt que de l'arbre pour décrire le génome humain vu les innombrables croisements au fil du temps. Les similarités génétiques s’expliquent par les mélanges de population successifs. Les groupes génétiques de population sont eux-mêmes aujourd’hui les fruits du mélange de populations très différentes qui ont autrefois existé. Le livre de David Reich se lit comme un travail de détective pour mieux comprendre les détours et culs-de-sac par lesquels l’évolution des hominidés est passée. Son objectif est de retracer leur parcours, de retrouver les populations fantômes qui ont arpenté la Terre, c’est-à-dire celles qui pourraient expliquer le lien génétique entre divers groupes de population ancestraux séparés géographiquement. Chaînons manquants, trous noirs génétiques dont les restes en Afrique, en Asie ou en Europe donnent la preuve de la cohabitation et mélanges épisodiques. Ce qui est certain, en Afrique comme ailleurs, le modèle de l’arbre de l’évolution dans lequel les populations aujourd’hui seraient inchangées et séparées à chaque nouvelle branche est obsolète. En vérité, la vie a suivi des cycles de mélanges et de ruptures, ce qui laisse à s’interroger sur le devenir de l’humanité.

Il y a eu tant de mouvements migratoires et d’extinctions de populations qu’il est dans la plupart des cas difficile de réécrire les détails des faits démographiques anciens simplement à partir de l’ADN des populations actuelles. Le seul moyen à ce jour à notre disposition  est de comparer l’ADN ancienne de restes retrouvés avec celui des groupes de population qui sont demeurés plus isolés et séparés du reste des hommes, notamment les pygmées d’Afrique centrale, les chasseurs-cueilleurs San de la pointe sud de l’Afrique ou encore la population Hadza de Tanzanie. En Afrique, berceau de l’humanité, les séquences du génome offrent une diversité environ un tiers plus grande que dans le reste du monde non seulement au sein des populations africaines mais aussi entre elles.

Trois options ont déterminé l'évolution de l'espèce Homo : l'extinction, le déplacement et l'adaptation. Entre éruptions volcaniques et périodes glaciaires, la capacité d’adaptation face aux catastrophes naturelles et changements climatiques a été la cause fondamentale du devenir des hominidés.  Il y a 50 000 ans, quatre importantes tendances migratoires ont marqué l'histoire des premiers hommes modernes : le déplacement hors de l’Afrique et vers l’Eurasie, l’expansion des chasseurs-cueilleurs en Europe d’abord des aurignaciens puis des gravettiens, l’expansion magdalénienne et enfin la migration lors de la période chaude du Bölling/Alleröd.

Il y a plus de 50 000 ans, une population vivant dans la région septentrionale de l’ Eurasie était l'une des populations ancestrales primordiales. Une partie a migré vers l’est à travers la Sibérie et le détroit de Béring pour donner naissance à la population amérindienne, une autre vers l'ouest pour faire partie de la population dans le sud de l’Europe (p.79-80). C’est sur la base d’une reconstruction statistique que l’existence de populations fantômes est inférée. On sait ainsi que les Amérindiens descendent en fait du croisement de deux populations, l'une venant d’Asie de l’Est et l'autre de l’Ouest de l’Eurasie.

On sait encore que les habitants de l'Asie de l’Est sont plus proches génétiquement des anciens chasseurs-cueilleurs d’Europe que des ancêtres de la population européenne actuelle par le biais d’une population fantôme dite basale eurasienne qui a contribué au quart de la composition génétique ancestrale des populations de l’Europe et du Moyen-Orient.

C’est la sédentarisation des populations avec l’agriculture et la domestication du bétail il y a environ 11 000 - 12 000 ans qui ont favorisé une plus grande homogénéisation des populations. Et c’est d’une certaine façon un autre modèle d’homogénéisation qui prend place aujourd’hui avec les révolutions industrielle et de l’information.

Le passé a montré que la période actuelle n’est pas plus extraordinaire au regard des grands mouvements de fond qui se sont succédés.  Et dans un grand nombre de ces faits démographiques au cours de l'évolution, le leit-motiv est l’accouplement de deux catégories : les mâles jouissant du pouvoir social dans une population, les femelles dans une autre (ibid., p.231 et autres références notamment en Europe de l’Est, en Inde, en Colombie et aux Etats-Unis p.137).

L'ordre du temps

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

Une brèche dans la digue des connaissances

Publié le par Ysia

La marche des idées procède d’une dialectique qui débute par une thèse, se poursuit par une antithèse pour finir par une synthèse, un processus que suit David Reich tout au long de son ouvrage Who we are and How we got here. Il étaye son raisonnement d’une profusion d’analyses et de recherches.

La connaissance est relative et dépend des informations disponibles sur le moment. Une analyse du point de vue de l’ADN mitochondriale n’offre pas la même vision de l’Histoire que du point de vue de l’ensemble du génome. L’ADN mitochondriale n’ouvre qu’une petite fenêtre sur la réalité de la lignée des ancêtres hominidés.

Les appellations comme dénisoviens ou néanderthaliens ne font pas l’unanimité. Certains auraient souhaité la création d’une nouvelle espèce homo pour l’hominidé de Denisova. D’autres débattent la question de savoir si le néanderthalien est un sous-goupe des Homo sapiens ou s’il fait partie de la famille élargie des hominidés de Denisova ou s’il représente une espèce distincte. Deux paramètres sont pris en compte pour parvenir à une décision : si les ancêtres ont réussi à procréer même s’il s’agit d’une progéniture hybride stérile ou peu fertile et si la forme des squelettes est identique. Par exemple, nous ne possédons pas  de données suffisantes sur l’hominidé de Denisova. Les dents que nous avons à notre disposition rappellent les énormes molaires des australopithèques, mangeurs de plantes, comme Lucy.

D’après les études réalisées sur une variété d’espèces à travers le royaume animal, on sait que la progéniture de deux populations séparées est affectée après une longue période donnée par une fertilité réduite. Ainsi il en a été des hybrides néanderthaliens et humains. Leur hybridation pose la question de savoir si elle s’est aussi produite entre d’autres humains archaïques. Il y a 200 mutations dans l’ADN mitochondriale qui séparent les néanderthaliens des hommes d’aujourd’hui et 400 mutations différentes d'avec les  dénisoviens. Vu le rythme auquel ces mutations se produisent, on estime que la séparation entre humains modernes et dénisoviens a eu lieu il y a 800 000 à un million d’années.

Une autre étude a révélé que soit les humains soit les chimpanzés dérivent d’une ancienne hybridation et qu’une longue période d’échanges génétiques a suivi la différentiation des populations humaines et chimpanzés à la différence de la séparation brutale il y a un à deux millions d’années entre chimpanzés et bonobos, résultat d’un changement climatique soudain qui forma le fleuve du Congo. Si Svante Pääbo a réussi à déceler moins de 4% de l’ADN du primate dans le génome néanderthalien, il est à près de 70% dans l’ADN du dénisovien.

Dénisoviens et néanderthaliens sont plus proches l’un de l’autre que de l’Homo sapiens au vu de l’ensemble de son génome et pas seulement de l’ADN mitochondriale. On estime la séparation entre, d’une part, leur ancêtre commun et, d’autre part, les Homo sapiens entre 770 000 et 550 000 ans alors que la séparation entre dénisoviens et néanderthaliens  aurait eu lieu entre 470 000 et 380 000, ce qui est, contre toute attente, proche de l’estimation basée sur l’ADN mitochondriale qui a déterminé que néanderthaliens et humains se seraient séparés entre 470 000 et 360 000 ans.

Une étude de l’ensemble du génome du dénisovien a permis de conclure qu’il était génétiquement plus proche des aborigènes de Nouvelle-Guinée que de toute autre population d’Eurasie, ce qui laisse suggérer que les ancêtres des néo-guinéens se sont mêlés aux dénisoviens. On se demande comment les anciens habitants de Sibérie et les ancêtres de l’île de la Nouvelle-Guinée se sont retrouvés pour procréer.

Cela me rappelle une autre étude mentionnée en 2015 dans un précédent article sur la traversée, il y a au moins 15 000 ans, de l'isthme de Béring par une population d'ancêtres lointains des hommes originaires d’Asie australe.

L’étude du génome des néo-guinéens confirme que cette part dénisovienne de l’ordre de 3 à 6%  est en moyenne plus récente que la part néanderthalienne de l’ordre de 2% soit entre 59 000 et 44 000 ans, ce qui constitue la part archaïque la plus importante chez un être humain aujourd’hui. C’est aux Philippines, en Australie et en Nouvelle-Guinée que se retrouvent les plus importantes empreintes génétiques de l’hominidé de Denisova notamment à l’est de la ligne de Huxley qui marque une coupure nette entre mammifères et marsupiaux, ligne géographique impénétrable qui a forcé l’isolement des populations ancestrales. Cependant ni les aborigènes des îles Andaman et de la péninsule malaise ni les morceaux de squelette trouvés près de Pékin dans la grotte de Tianyuan ne présentent le même héritage génétique. La part dénisovienne chez les asiatiques de l’est est entre 0.2 à 0.6. Par exemple, ce que l’on nomme les gènes tibétains de l’altitude sont l’héritage génétique transmis par les dénisoviens.

On estime que la séparation entre, d’une part, aborigènes néoguinéens et australiens et, d’autre part, hominidés sibériens de Denisova a eu lieu entre 400 000 et 280 000 ans, ce qui suggère la possibilité de plusieurs branches d’hominidés de Denisova, dont l’une aurait migré vers le nord. David Reich donne à l’autre branche le nom de «  australo-dénisovienne ».  Il faut rappeler là aussi un article publié en 2017 sur les conclusions d’une autre étude, selon lesquelles tous les aborigènes d’Australie descendent d’une population fondatrice unique arrivée lors d’une vague de migration unique il y a 50 000 ans. Le niveau des eaux était si bas que l’Australie et la Nouvelle-Guinée formaient un seul continent. Les humains ont migré d’Asie du Sud-est jusqu’à cette masse de terre continentale, certains s’installant dans ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Guinée et d’autres plus loin jusqu’en Australie.

Dans ce brouillard des origines, quelle place avait l’Eurasie dont l’Europe n’est qu’une péninsule ? Les populations ancestrales dénisoviennes, néanderthaliennes et les Homo sapiens y vivaient-ils ? Descendaient-ils des Homo erectus ? Dans ce scénario, certains s’en sont peut-être retournés en Afrique pour fonder l’humanité moderne…  La beauté d’un trou noir est qu’on se laisse à imaginer d’autres possibilités. L’Homo antecessor de Sima de los Hueros (Espagne) est un autre maillon de la chaîne, ancêtre des dénisoviens et des néanderthaliens. Johannes Krause a présenté une théorie selon laquelle une population d’ Homo sapiens a quitté l’Afrique il y a des centaines de milliers d’années pour se mêler aux  hominidés de Sima de los Hueros. L’hypothèse la plus plausible est que l’ancêtre des humains modernes, des néanderthaliens et des dénisoviens est l’Homo heidelbergensis considéré à la fois comme une espèce d’Afrique et d’Eurasie. L’Homo heidelbergensis est plus proche des néanderthaliens que des dénosivaniens d’après les analyses sur l’ADN mitochondriale mais pas selon l’analyse de l’ensemble de son génome.

Le trou noir, ainsi nommé par David Reich, que représente la période entre cinq millions et un million d’années est peuplé d’humains superarchaïques et d’ancêtres fantômes des Homo sapiens, dénisoviens et néanderthaliens.  

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

La voix de la conscience

Publié le par Ysia

Le génome est une mosaïque de 46 tesselles appelées chromosomes: 23 du père, 23 de la mère. Les chromosomes sont eux-mêmes des mosaïques de tesselles plus petites. Le génome de chaque personne dérive de 47 fragments d’acide désoxyribonucléique (ADN) correspondant aux chromosomes transmis par la mère et le père et à l’ADN mitochondriale également transmise par la mère. Un ancêtre ne transmet pas automatiquement son ADN. Notamment sur 10 générations, on compte 1 024 ancêtres pour seulement 757 fragments d’ADN ancestrale.

Eve mitochondriale

Eve mitochondriale

S’agissant du matériel héréditaire de la génétique moléculaire des populations, un trou noir existe entre cinq millions et un million d’années que ne sauraient combler les informations limitées que nous a apportées Ève mitochondriale de 160 000 ans. David Reich, dans son livre paru cette année et intitulé Who we are and How we got here, décrit le génome comme une tapisserie dont chaque fil est un lien de filiation,  une séquence d’ADN du parent à l’enfant qui se déroule dans le temps jusqu’à un lointain passé.

On a constaté que la protéine produite par FOXP2 est demeurée quasiment  identique pendant plus de cent millions d’années qui séparent la souris et le chimpanzé. Pourtant trois mutations se sont produites dans la lignée des hominidés, dont l’une, absente chez les néanderthaliens, affecte quand et dans quelles cellules FOXP2 se convertit en protéine dans le cadre d'un processus évolutif plus rapide du gène.

FOXP2 est le gène créateur de notre voix, mais est-il responsable du comportement de l’homme moderne ? Est-il à l’origine de la voix de la conscience ? Pour David Reich, professeur de génétique à l'école de médecine de Havard, il n’y a pas de réponse à ces questions :

Bien que nous puissions dater le commencement de l’humanité moderne caractérisée par une cognition conceptuelle entre le paléolithique supérieur et Later Stone Age (LSA) , on estime d'une part que la version partagée du gène FOXP2, fondamental dans les balbutiements de la conscience, remonte à plus d’un million d’années et d'autre part que l’ADN mitochondriale et le chromosome Y pris ensemble donnent une datation pour l’ancêtre commun à moins de 320 000 ans.

Les néanderthaliens ont disparu il y a 39 000 ans. Contre toute attente, nous savons aujourd’hui que néanderthaliens et humains modernes ont coexisté plusieurs milliers d’années en Europe  et au Proche-Orient. L’analyse des données mitochondriales a montré que néanderthaliens et hommes modernes avaient un ancêtre commun maternel vieux de 470 000 à 360 000 ans, bien avant Ève mitochondriale. Ces données ont également indiqué que les néanderthaliens auraient contribué en moyenne individuellement 2% et jusqu’à 25% du génome de l’homme d'aujourd'hui d’origine non-africaine probablement il y a 54 000 à 49 000 ans, surtout parmi les Asiatiques de l'Est, ce qui démontre l'existence d'un point de fusion au Proche-Orient. A mesure que l’on procèdera à des études plus pousssées sur le génome humain, nous serons en mesure d’examiner les variations des traits cognitifs et comportementaux et de déterminer si ceux-ci sont le résultat de la sélection naturelle. Les changements génétiques répondaient-ils aux pressions non-génétiques imposées par l’environnement extérieur ?  Et qu’est-ce qui a précédé : les changements physiques biologiques ou les mutations génétiques ?

S'agissant de l'héritage néanderthalien, si l'on retrouve trace de ces lointains cousins dans les gènes qui se rapportent  à la couleur des cheveux et au teint de la peau ou qui ont permis aux populations eurasiatiques de s'adapter à leur environnement, il est systématiquement absent de certaines fonctions biologiques de l'humain moderne, à savoir les gènes relatifs à la fertilité, ce qui ne peut s'expliquer que par la sélection naturelle.

Ce sont les gènes associés à la biologie des kératines dont les Européens et les Asiatiques de l'Est ont hérité des néanderthaliens plus que tout autre groupe de gènes. Ils ont été préservés par le fait de la sélection naturelle car ces protéines sont essentielles aux cheveux et à la peau.

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

Voyage en pays austral

Publié le par Ysia

Une étude a conclu que tous les aborigènes d’Australie descendent d’une population fondatrice unique arrivée lors d’une vague de migration unique il y a 50 000 ans.  Des squelettes humains et des restes archéologiques remontent à prés de 50 000 ans. Avant cela, il n’y avait aucun être humain en Australie.

Alors comment sont-ils arrivés là et quand? Où exactement a commencé leur colonisation du continent ? Et comment se sont-ils par la suite dispersés sur l’ensemble du continent ? Quelques pistes se trouvent dans l’ADN de 111 Australiens aborigènes qui provient des cheveux collectés au cours d’une série d’expéditions qui ont eu lieu entre 1926 et 1963.

Il y a 50 000 ans, le niveau des eaux était si bas que l’Australie et la Nouvelle-Guinée formaient un seul continent. Les humains ont migré d’Asie du Sud-est jusqu’à cette masse de terre continentale, certains s’installant dans ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Guinée et d’autres plus loin jusqu’en Australie. Ils se sont dispersés le long des côtes en quelques siècles et, pendant des dizaines de milliers d’années, ces populations ont vécu isolées à la différence de l’Europe où des vagues de migration successives se sont au cours de milliers d’années mélangées aux sociétés en place.

Les découvertes archéologiques montrent toutefois l’emploi d’outils qu’utilisaient d’autres cultures aborigènes pourtant fort éloignées ainsi qu’une famille de langues parlées par de nombreux groupes aborigènes. Dr. Bellwood, archéologue à l’Université nationale d’Australie doute que ces populations aient été isolées ou soient restées sédentaires alors que les langues et les outils se sont disséminés. « Si les êtres humains sont restés immobiles, comment les langues et les outils ont-ils pu se déplacer ? »  Dr. Schiffels, un généticien des populations de l’Institut allemand  Max Planck et d’autres chercheurs suggèrent que l’ADN mitochondriale ne brosse qu’un tableau partiel de l’histoire de l’Australie. L’ADN dans le noyau de chaque cellule, des deux parents, pourrait éventuellement offrir des pistes permettant d'identifier un plus large ensemble d’ancêtres.

Des adonis de Donald Friend aux Hitsuzendo de Peter Upward,

Des serpents de Mithinari Gurruwiwi aux lignes tracées de Doreen Reid Nakamarra,

Des imageries aborigènes d’Hector Burton aux totems funéraires Tutini... Voyage en pays austral.

De l’arbre des songes de David Daymirringu Malangi aux rites mortuaires Gupapuyngu,

De l’échassier de Glen Farmer Illortaminni à l’Oiseau dans l’espace de Brancusi,

J’aperçois Nüwa et Pangu sur l’écorce du rêve aborigène !

Errant dans les salles des musées d’Australie

Mon esprit tombe dans la rêverie...

Des feuillages de Djirrirra Wunungmurra aux labyrinthes de Charlie Tanaru Tjungurrayi,

Les formes allongées de Gela Nga-Mirraitja Fordham me rappellent les figures tanzaniennes de l’Art pariétal et les crapauds anthropomorphes des poteries néolithiques chinoises

Pourquoi ces formes allongées sur les deux continents?

Tout s’enchaîne dans ma tête

Comme une bobine de fil qui se déroule à l’infini...

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

La révolution cognitive

Publié le par Ysia

Plus de 13 milliards d'années, lorsque la matière et l'énergie sont apparues, avaient-elles pour dessein l'homme d'aujourd'hui? Lorsque les atomes et les molécules sont apparus, avaient-ils pour finalité  les passions humaines? Il y a 4 milliards d'années quand la terre s'est formée et que sont nés les premiers organismes,  était-ce l'empreinte future de l'animal humain sans signification? Ce n'était pas seulement l'union de la matière et de l'énergie mais aussi la symbiose du temps et de l'espace.Déjà il y a 2 millions d'années, l'australopithèque partait à la conquête de l'Afrique du nord, de l'Europe et de l'Asie, qui devinrent le berceau d'espèces distinctes: l'Homo neanderthalensis en Europe, l'Homo erectus en Asie qui vécut 2 millions d'années, record que ne saura égaler l'Homo sapiens dont la disparition est prédite, selon Yuval Noah Harari, dans tout au plus mille ans. Des découvertes en Asie ont permis de dresser le portrait d'espèces aujourd'hui disparues: l'Homo soloensis et l'Homo floresiensis. Les vestiges d'un parent, l'Homo denisova, furent aussi retrouvés en Sibérie en 2010. D'autres espèces humaines continuèrent leur apparition en Afrique : l'Homo rudolfensis et l'Homo ergaster. Tous étaient des hominidés, parents de notre espèce, l' Homo sapiens, dans sa longue histoire évolutive. Il y a 150 000 ans, des êtres physiquement semblables à l'homme vivaient en Afrique de l'est et émigrèrent il y a 70 000 ans vers la péninsule arabique dans leur marche inexorable vers le continent eurasien pour enfin parvenir en Australie il y a 45 000 ans, se mêlant occasionnellement et remplaçant progressivement leurs prédécesseurs humains. La tolérance n'a jamais été le signe distinctif des Homo sapiens. La révolution cognitive s'est produite avec l'avènement de l'Homo sapiens il y a 70 000 ans. Il est à craindre qu'avec elle, la première campagne génocidaire de l'histoire de l'humanité fut lancée, emportant les autres espèces humaines.

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

De la genèse au gène

Publié le par Ysia

Qu'est-ce que l'intervention divine? Faut-il la craindre ou l'appeler de ses voeux? Quand l'homme s'autodétruit, n'y a-t-il plus rien à attendre que la confrontation finale des forces en présence sachant pertinemment que le jugement dernier sera du côté des justes? Les hommes de Dieu furent les premiers à repenser l'histoire du code génétique et à tracer les cartes du monde, faut-il y voir,  à  défaut de la manne divine, l'inspiration divine, le divin étant d'essence spirituelle et non physique?

La sélection naturelle n'est pas à comprendre en termes de préservation mais en termes d'évolution constante. À chaque goulot d'étranglement se forme une variante mieux adaptée à la conjoncture du temps. L'évolution mène t-elle pour autant à la perfection? Y a-t-il une évolution spirituelle humaine ? Adaptation est évolution. Ce sont les opportunités offertes à chacun et les privilèges octroyés à quelques-uns qui créent les différences entre les êtres. Qu'on ne s'y méprenne : Darwin fut le premier à dénoncer l'eugénisme galtonien et à affirmer que le travail et le zèle font la différence entre les êtres encore faut-il qu'ils aient bénéficié des mêmes circonstances.
Comment le gène peut-il expliquer la forme et ses variations, l'évolution et le développement? Quelle somme d'informations contient-il pour lui permettre d'instruire la vie à l'infini? Les variations dépendent de l'environnement . À quelles variations devrons- nous nous attendre avec le changement climatique? À l'intersection de la génétique, de la sélection naturelle ou provoquée par l'homme et de l'évolution, sachant qu'un génotype est la composition génétique d'un organisme et qu'un phénotype représente les attributs et caractéristiques physiques ou biologiques de cet organisme, nous pouvons affirmer les fondements suivants : que le génotype détermine le phénotype, que le génotype et son environnement définit le phénotype, et que le phénotype est le produit non seulement du génotype et de son environnement mais aussi, dans le temps et par ses variations, il prouve être fortuit et la forme qui en résulte incertaine. Qu'est-ce que le facteur "chance" dans la bouche d'un scientifique? Y a t-il une fin en soi? Non, juste la résistance implacable, la réponse irréductible d'un organisme à son environnement. C'est ce qui anime l'évolution. Les variations génétiques sont un réservoir vital pour un organisme et, sans cette profonde diversité génétique, celui-là perdrait sa capacité à évoluer. Ces mutations ne se produisent que par réaction à un environnement particulier. C'est cela l'adaptation. L'isolation conduit à la mort du cygne...
La pauvreté, l'illettrisme, le manque d'hygiène et l'impérétie ne sont pas les preuves absurdes d'une intelligence inférieure mais reflètent l'inégalité des circonstances environnantes auxquelles une société donnée ou un groupe d'individus sont soumis et les marques d'un abus de pouvoir par ceux trop pressés de les dénoncer.

Peut-on décoder le code? Si le gène explique la transmission de l'hérédité, encore faut-il expliquer le développement de l'organisme et sa genèse et comment un organisme naît à partir d'une cellule unique. On s' étonne que certains gènes orchestrent la mort des cellules comme s'ils s'activaient pour réguler voire gouverner la mort qui s'abat en cascade sur les cellules. C'est cela l'apoptose. 

D'un phénomène abstrait transmis de générations en générations se dessine la traduction de l'information génétique.

 Les hommes modernes appelés Homo Sapiens "hommes savants" constituent un groupe jeune et homogène d'environ 200 000 ans comparativement aux prémices de la vie sur la terre qui remonterait selon une étude parue en 2015 à près de 4,1 milliards d'années, jeunesse d'une humanité en proie aux passions pérennes de l'âge de pierre.

Il reste à mieux comprendre les traces néandertaliennes dans l'ADN humaine et si ces gènes plus archaïques retiennent une fonction dans l'organisme de ceux qui en sont porteurs. Une étude de la lignée génétique des groupes de population dans le monde, dirigée en 2008 par Luigi Cavalli-Sforza, Marcus Feldman et Richard Myers de l'Université de Stanford a pu puiser dans la mémoire cellulaire  et conclure que les hommes modernes sont apparus exclusivement dans un espace relativement limité de la terre, dans la région sub-saharienne de l'Afrique et représentent les protagonistes de la première vague de migration des hommes modernes, les Homo Sapiens, il y a moins de 100 000 ans de l'Afrique vers le nord et l'est, au Moyen-Orient, à l'Europe, l'Asie et en Amérique. Ainsi l'homme arriva il y a 75 000 ans environ en Égypte et en Éthiopie puis descendit dans la péninsule yéménite dans son parcours vers l'Asie et l'Europe en plusieurs vagues à la rencontre il y a 60 000 ans des néanderthaliens. On reconnait aujourd'hui que la population la plus ancienne au monde sont les San de l'Afrique du Sud, de la Namibie et du Botswana et les pygmées Mbuti au fin fond de la forêt Ituri du Congo et la plus jeune constitue la dernière des vagues de migration en Amérique du Nord  il y a plus de 12 000 ans venant d'Europe en passant par la péninsule Seward en Alaska et par le détroit du Béring. L'histoire génétique de l'humanité est corroborée par les découvertes archéologiques et les structures linguistiques.

Qu'est-ce l'intelligence ? L'intelligence dans le monde moderne est considérée dans son opposition à la sensibilité. De quoi parle-t-on ? D'intelligense sociale ou affective, d'intelligence intellectuelle ou émotionnelle, d'intelligence mnémonique ou de perception visuospatiale. Le problème avec l'intelligence, c'est qu'on prétend qu'elle est une qualité biologique mesurable et héritable alors qu'elle est fortement déterminée par des priorités culturelles. Ce n'est pas un décodeur du gène. La société tend à présenter comme biologique des marqueurs qui ne sont que culturels. À la diversité biologique s'ajoute  la diversité culturelle qui  exacerbe les différences. Dans l'article du New York Times paru en 2014 du psychologue Jay Belsky sur le "gène de la résilience", suite à l'étude réalisée en Géorgie sur 600 familles noires américaines sous le nom de Strong African American Families project (SAAF), Belsky déclare que certains enfants sont pareils à des orchidées fragiles. Nés avec une sensibilité à fleur de peau, ils seront plus sensibles aux changements de leur environnement. D'autres pareils à du pissenlit sont moins sensibles à leur environnement.

Ce que la famine aux Pays-Bas en 1944 nous a appris est qu'un seul événement peut avoir des conséquences sur la santé de générations successives. La famine aux Pays-Bas a altéré l'expression des gènes comme si le corps était reprogrammé pour sa propre survie. La mémoire épigénétique est réelle mais limitée. Toutefois il faut se demander quel a été l'impact à long terme de l'esclavage sur les populations noires de l'Amérique et des Caraïbes ?Quel a été l'impact de la conquête brutale du nouveau continent sur les générations successives d'Amérindiens? Ainsi est la mémoire génétique, le souvenir ancré dans nos gènes de la souffrance de nos ancêtres. Un message environnemental s'est transformé en un message héritable.

Au fil du temps se renforce tristement l'impact de l'environnement sur la population en général et les individus en particulier. De la mémoire historique à la mémoire cellulaire.

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

Rapa Nui

Publié le par Ysia

There is a higher purpose behind your abilities, behind all gifts from Heaven. And there is a desire to respond to that higher purpose. Talents derive their value from the target they are used for. If you use every talent you have as best you can, then you will attract the blessings from Heaven. Don’t expect Heaven to carry you though, its gifts come with the condition to use them and also use them free from egoism. The talents for living and loving are the really big ones. But small ones can also achieve a lot. (hexagramme 14)


Si les îles éparses du vaste Océan du Pacifique furent colonisées par des marins partis depuis les côtes orientales et les îles d’Asie après la traversée de milliers de kilomètres en mer et si l’Amérique du Sud précolombienne fut peuplée par une population franchissant un pont terrestre à présent disparu depuis le nord, ces deux populations se sont-elles à un moment donné croisées au Nouveau-Monde ? C’est fort probable, d’après une nouvelle étude qui donne la preuve que des habitants originaires de l’Île de Pâques ont atteint l’Amérique du Sud et se sont mêlés aux Amérindiens déjà présents.

L’immunologiste de l’Université d’Oslo Erik Thorsby qui commença ses recherches en 1971 sur la population de l’Île de Pâques estime, d’après les résultats d’une étude récente, que des Amérindiens auraient accompagné des Polynésiens depuis la côte d’Amérique du Sud sur l’Île de Pâques avant l’arrivée des Européens.

L’île nommée Rapa Nui est un lieu rocheux et éloigné par 3 700 kilomètres à l’ouest de l’Amérique du Sud.  Si sa population fut effectivement déportée au Pérou vers 1860 et réduite à l’esclavage, la présence d'antigènes des leucocytes humains (en abrégé, HLA, de l'anglais human leucocyte antigen) dans les échantillons sanguins prélevés  —un groupe de gènes qui encodent des protéines essentielles du système immunitaire humain—montre qu’un certain nombre d’individus possèdent un allèle qui n’apparaît que chez les Amérindiens. Cet allèle se retrouve dans deux haplotypes (groupe d'allèles hérités d’un parent) de personnes sans parenté. Il résulte de l'étude que ces allèles sont plus anciens que l’époque de la dite déportation et ont été introduits des siècles auparavant, suggèrant que des Polynésiens visitant l’Amérique du Sud vers le 15ème ou 16ème siècle auraient été accompagnés à leur retour par des Amérindiens. D’autres études d’ADN sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Des plantes, telles que la patate douce et des similarités linguistiques et artistiques avaient déjà suggéré une interaction culturelle entre la Polynésie et l’Amérique du Sud. D’après l'archéologue Helene Martinsson-Wallin, c’est vers 1100 et 1300 que la culture de la patate douce connut la plus importante expansion, c’est-à-dire au même moment que la construction des statues moai connaissait une explosion. Easter-Island-Mind_1.jpg

Mais comment le peuple de Rapa Nui a-t-il eu l’idée de construire ces immenses statues et comment les a-t-il transportées, puisque la plus grande pèse 85 tonnes? Mais surtout qui était ce peuple? Etaient-ils des Polynésiens qui pagayèrent depuis l’Asie en passant par les Îles Marquises ou étaient-ils sud-américains d’avant les Incas voguant à travers l’océan sur des radeaux de balsa ? Anakena est la plage sur laquelle, selon la légende,  Hotu Matua, le père fondateur de la civilisation originelle de l’Île de Pâques, accosta avec son clan vers 800. L’anthropologiste norvégian Thor Heyerdahl confirma avec le succès de son expédition Kon Tiki l’hypothèse de la venue d’ancêtres péruviens avant les Incas, expliquant par là même l’histoire du peuplement par deux groupes d’individus, ceux à peau foncée et ceux à peau claire et mettant en lumière les similarités entre l’art rupestre  du Pérou et de l’Île de Pâques  telles que le Dieu du soleil grondant et les figures mi-homme mi-oiseau, créatures mythologiques qui ne se retrouvent sur aucune autre île polynésienne mais qui sont représentées dans l’art religieux d’avant les Incas de la côte équatoriale au haut plateau bolivien Tiahuanaco. Mana est le terme désignant le pouvoir spirituel que possèdent les statues moai.  Aucune sculpture ne leur ressemble en Polynésie mais des statues similaires se retrouvent en Amérique du Sud, cela n’est-il qu’une coïncidence ?

C'est dans le cadre de cette question qu'il semble opportun de mentionner le débat sur l’origine et l’introduction de la volaille en Amérique. En dépit des affirmations selon lesquelles elle serait native de la région, aucune preuve archéologique, paléontologique,  paléo-américaine  ou préhistorique n’a jusqu’ici été retrouvée et rapportée.  Bien qu’une introduction portugaise ou espagnole sur la côte est de l’Amérique du Sud vers 1 500 ait été suggérée, lorsque Pizarro atteignit le Pérou en 1532, il observa qu'elle était une partie intégrante de l’économie et de la culture des Incas, suggérant ainsi une histoire plus ancienne de la volaille dans la région. En conséquence, plusieurs théories proposent son introduction sur la côte ouest de l’Amérique du Sud avant l’arrivée des Européens, incluant la possibilité d’une interaction tant avec des Asiatiques que des Polynésiens. Cette présente étude fournit le premier témoignage clair de l’introduction de la volaille avant les Européens en Amérique du Sud et montre grâce à des preuves d’ADN que l’origine probable est la Polynésie, ce qui  jette une lumière nouvelle sur le débat concernant l'aptitude des Polynésiens à naviguer et sur la question des échanges et interactions entre les populations préhistoriques ou protohistoriques.

L’origine indo-pacifique des Polynésiens en Asie du Sud-Est précède l’expansion austronésienne et en particulier de la culture Lapita qui émergea pour la première fois dans le Pacifique 3 300 ans avant le présent (BP).  Les colons Lapita se déplacèrent rapidement à travers la Mélanésie orientale vers les îles Samoa et Tonga avant 2 900 BP. Dès 1 500- 1 000 BP commença le peuplement de la Polynésie orientale, probablement depuis Samoa, avec la colonisation d’Hawaï avant 1 000 BP, de l’Île de Pâques avant 800 BP et de la Nouvelle-Zélande avant 700 BP.  Ce sont les Polynésiens qui ont introduit le chien, le cochon, le rat et la volaille dans les îles nombreuses qu’ils ont colonisées. Des restes de volaille apparurent pour la première fois sur les sites archéologiques Lapita à Vanuatu et Tonga datant de 3 000 à 2 800 BP, à Niue à partir de 2 000 BP et dans des couches d’occupation anciennes de la quasi-totalité de la Polynésie orientale. Sphinx-de-Napa-Rui-copie-1.JPG

Il s’avère que des contacts anciens eurent lieu entre l’Amérique et la Polynésie, comme le prouve la présence de la patate douce sud-américaine sur les sites archéologiques pré-européens en Polynésie, notamment à Mangaia dans les îles Cook, datant de l’an 1000 de notre ère. D’autres preuves linguistiques et archéologiques le suggèrent également, notamment le fait que des embarcations de type polynésien, à savoir les canots en planches cousues, et des formes de hameçon aient été découverts dans le Sud de la Californie. Ces mêmes canots ont été documentés par des ethnographes au Chili. Une influence polynésienne a également été suggérée sur la base d’artéfacts et de preuves linguistiques dans la région de la communauté mapuche dans la zone centre-sud du Chili. Des simulations informatiques montrent cependant que la navigation dans l’hémisphère sud en direction de l’est aurait été plus facile à manœuvrer qu’une route maritime septentrionale vers les Amériques, les conduisant ainsi à toucher terre dans les régions centrale et méridionale du Chili et introduisant par là même la volaille polynésienne en Amérique du Sud.

Cette présente étude confirme par des recherches génétiques que la volaille dont les squelettes ont été retrouvés sur le site archéologique pré-colombien El Arenal-1 dans le sud de la péninsule d’Araucana au Chili descend d’une souche polynésienne. Les modèles informatiques recréant la dispersion des animaux commensaux sont à présent largement employés pour mieux comprendre la migration et les interactions des populations préhistoriques ou protohistoriques dans le Pacifique. Grâce à l’examen de la faune et de la flore transportées intentionnellement dans le Pacifique, les archéologues peuvent mieux évaluer la direction et l'expansion des peuples Lapita et polynésien. On peut par ailleurs déduire que certains animaux domestiques furent introduits dans le Pacifique plus d’une fois, comme ce fut le cas pour le rat,  le chien mais aussi vraisemblablement la volaille.

 

traduit et résumé par Ysia, Radiocarbon and DNA evidence for a pre-Columbian introduction of Polynesian chickens to Chile PNAS 2007 104 (25) 10335-10339; published ahead of print June 7, 2007, doi:10.1073/pnas.0703993104

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

Ypykuéra

Publié le par Ysia

Un groupe d’êtres humains mystérieux a traversé l’isthme de Béring, de la Sibérie à l’Amérique il y a mille ans. C’est du moins ce qu’ont révélé des analyses génétiques. Le code génétique de ce peuple fantôme a survécu parmi les indigènes vivant au fin fond de l’Amazonie brésilienne, mais les deux équipes de recherche qui en ont fait la découverte ont différents points de vue quant à la date et à la façon dont ces migrants sont arrivés en Amérique.

Des études génétiques précédentes effectuées sur des Amérindiens modernes et anciens suggèrent que le périple s’est déroulé il y a au moins 15 000 ans par un groupe unique, baptisé les « Premiers Américains », qui a traversé l’isthme de Béring de l’Asie à l’Amérique du Nord. Pourtant, des membres de deux groupes amazoniens, les Surui et les Karitiana, sont plus proches des habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et des aborigènes australiens que les autres Amérindiens le sont de ces groupes d’Asie australe.

Cela peut s’expliquer par le fait que des ancêtres lointains de ces hommes originaires d’Asie australe ont également traversé l’isthme de Béring pour être par la suite supplantés par les « Premiers Américains » dans quasiment toute l’Amérique du Nord et du Sud. D’autres preuves génétiques suggèrent que les populations modernes d’Asie australe sont les descendants de peuples aujourd’hui disparus mais autrefois largement répartis en Asie, appelés « population Y » pour Ypykuéra (ancêtre) dans la langue des Surui et des Karitiana. La population Y serait parvenue en Amérique avant ou quasiment au même moment que les « Premiers Américains », il y a plus de 15 000 ans.

Faut-il alors conclure que des descendants d’Asie australe ont migré depuis le Nord jusqu’en Amazonie ? Ou ces nouvelles données génétiques résultent-elles de l’accouplement entre populations notamment venant des îles aléoutiennes au large de l’Alaska où ce même code génétique d’Asie australe a été récemment confirmé ?

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

Des cellules aux civilisations

Publié le par Ysia

L’évolution au travers du succès reproducteur différentiel, la capacité relative d’un organisme à propager les variations génétiques dont il est porteur, ainsi que le développement par la prolifération et la spécification des cellules,  l’apprentissage grâce aux mutations affectant les connexions neuronales et les changements culturels par le biais des échanges humains ont formé notre monde, notre corps et notre esprit. De nouvelles questions me viennent à l’esprit. Quel changement aura sur l’homme le réseau informatique, la communication électronique ? Leur impact sera plus ou moins ressenti selon que l’on a ou pas accès à l’éducation, que l’on bénéficie ou pas des apports scientifiques. William Julius Wilson, Professeur à l’Université de Harvard, parle aujourd’hui de ségrégation par le revenu et affirme qu’il faut des générations pour combler l’écart socioculturel et rattraper le retard accumulé par certaines tranches de la société, voire de l’humanité.

Publié dans Génétique

Partager cet article
Repost0

1 2 > >>